Les débuts du Cap de Bonne Espérance (1)
Les Huguenots en fuite étaient dispersés dans différents ports des Pays-Bas et attendaient leur départ, mais qu’allaient-ils trouver à l’autre bout de la terre, après 4 à 6 mois de voyage dans des conditions extrêmement difficiles.
Voici un (très court) aperçu de l’histoire de la fondation de la station du Cap de Bonne Espérance.
En 1486, Bartolomeu Dias et son équipage furent les premiers européens à passer au large de la baie de La Table. Le Cap de Bonne-Espérance n’est en fait pas le point le plus au sud de l’Afrique ni le point de division entre les océans Atlantique et Indien. Cette pointe extrême est située au Cap des Aiguilles (Cape Agulhas), situé à 149 km le long de la côte à l’est en remontant sur Durban.
Neuf ans plus tard, le 22 novembre 1497, Vasco da Gama est traditionnellement considéré comme le premier européen à arriver aux Indes par voie maritime en contournant le cap de Bonne Espérance.
Bien que les navigateurs portugais aient été les premiers à contourner le Cap, ils n’étaient pas vraiment intéressés par L’Afrique, principalement à cause du danger des tempêtes violentes, mais aussi en raison des difficultés des relations avec les populations indigènes. En fait Dias, qui fut le premier à appeler la baie : le Cap des Tempêtes, disparu sans aucune trace avec la moitié de son équipage, en essayant de contourner la côte lors d’une expédition en 1500.
En juin 1580, presque 100 ans plus tard, Sir Francis Drake eut une perspective différente. Chargé de mission par la reine d’Angleterre Elizabeth 1ère, il était poursuivi par la flotte espagnole, son bateau chargé d’un énorme cargo de richesses (butin) . Il s’échappa du Pacifique en allant vers l’Ouest et en faisant le tour du monde. Pendant ce voyage il découvrit le Cap par un beau temps clair et déclara ‘’ it is the fairest Cape and the most stately thing we saw in the whole circumference of the globe.’’
A la fin du 16ème siècle, les Anglais avec la ‘ East India Company ‘’ (EIC) et les Hollandais avec la création de la
‘’ Dutch (VOC) East India Companies ‘’ mirent un terme à la domination ibérique du commerce asiatique.
La VOC développa rapidement un commerce très fructueux. Leur succès était dû en partie à l’utilisation des ‘’ Trade Winds ‘’ (alizés) et des courants de l’Océan Indien. Il devint rapidement évident qu’au lieu de naviguer le long de l’Afrique de L’Est, il valait mieux passer au large des côtes d’Afrique du Sud et approcher l’Asie par le Sud. Au milieu du 17ème siècle, la VOC possédait 6000 navires et plus de 50.000 marins. Il devenait donc important d’avoir une base au Cap pour ravitailler les bateaux de passage.
A l’aube du 17ème siècle, des navigateurs anglais demandèrent à l’EIC d’établir une station anglaise permanente au Cap. Ils craignaient que la VOC ne prenne le contrôle de la station, et ils déclarèrent donc d’emblée le pays annexé à la Grande Bretagne en 1605 et de nouveau en 1620. Le Gouvernement anglais ignora ces revendications et elles ne furent pas ratifiées.
En 1644, le navire Mauritius Eylant (VOC) s’échoua sur les rochers de Mouille Point et 250 hommes durent vivre dans la baie de la Table pendant 4 mois. Trois ans plus tard, le Nuwe Haarlem s’enlisa à ‘’Granger Bay’’ et 62 marins survécurent pendant un an dans un abri construit avec les débris du navire. Leur expérience fut très différente de celle qu’ils attendaient. Ils trouvèrent les Khoikhoi et les San amicaux et prêts à vivre en bons termes avec les européens .De plus les ressources naturelles et les sols fertiles les surprirent beaucoup.
Le Mauritius Eylant (VOC)
Parmi les voyageurs de La flotte qui récupéra les naufragés, il y avait un jeune commerçant de la Compagnie qui retournait en Hollande. Peut-être influencé par les rapports des marins, Van Riebeeck offrit de partir au Cap quand, finalement en 1650 la VOC prit la décision d’établir une base permanente pour éviter que le Cap ne soit annexé par les Britanniques. Le fait que la VOC ouvre cette station n’est pas surprenant. Les comptoirs de Goa, Mombassa, Malacca, Ormuz et Beira furent tous établis au 16ème siècle.
Jan Van Riebeeck (est né à Culemborg aux Pays Bas). Son père était chirurgien. Il grandit à Schiedam ou il épousa Maria de la Quellerie le 28 mars 1849. Maria était Huguenote, d’origine Française. Son père, le Révérend Abrahamus Quevellerius était un pasteur des églises wallonnes et reformées. Son grand-père Chrétien de la Quellerie (1543 – 1631) était également un the pasteur wallon .Maria parlait donc le Français et le Hollandais. Le couple eut 8 ou 9 enfants dont la plupart moururent très jeunes. Un de leurs fils Abraham van Riebeeck, né au Cap ,deviendra plus tard gouverneur général des Indes Orientales. En 1639 Jan van Riebeeck entre à la VOC où il remplira différents postes dont celui de chirurgien à Batavia (Jakarta). Il dirigea aussi le comptoir VOC au Tonkin. En 1643, il séjourna à Dejma au Japon.
Le 24 Décembre 1651, Jan van Riebeeck accompagné de sa femme, de son fils ,de 82 hommes et de 8 femmes mit voile à Texel aux Pays Bas en direction du Cap de Bonne Espérance. Van Riebeeck avait signé un contrat d’engagement avec la VOC pour chapeauter l’installation d’une station de ravitaillement (viande, eau fraiche, légumes, fruits) ainsi qu’une aide médicale pour les bateaux Hollandais voguant vers l’est. Trois navires faisaient partie de l’expédition, le ‘’Drommedaris’’, le ‘’Rejiger’’ et le ‘’De Goede Hoop’’.
Maria de la Quellerie
Le 5 Avril 1652, la terre fût en vue et les bateaux jetèrent l’ancre le jour suivant. Une semaine plus tard, la construction du Fort de Bonne Espérance commençait. Le premier hiver fut extrêmement froid et dur. Les colons vivaient dans des huttes en bois et leur jardins naissants furent inondés par des pluies violentes. A la fin de l’hiver, ils avaient perdu 19 hommes.
L’arrivée de Van Riebeeck marqua le début de l’implantation européenne dans la région.
Le seul but de la VOC était de construire un fort et d’ériger un mât surmonté d’un drapeau pour avertir les navires et les diriger dans la baie. Quelques mois après son arrivée, la République Hollandaise et l’Angleterre s’affrontaient dans une guerre navale (10 juillet 1652 – 5 avril 1654) et il devint extrêmement urgent de finir l’édification du bâtiment. Le Fort était un carré construit de terre, d’argile et de bois qui vit le jour au milieu de ce qui est aujourd’hui Adderley Street. Autour, on développa un jardin pour cultiver légumes et fruits. La viande était échangée avec les Khoikhoi (qui au début furent appelés Goringhaikwa et plus tard Kaapmans ) La construction du château tel qu’il est aujourd’hui commença seulement en 1666 après que Van Riebeeck eut quitté le Cap, et s’acheva 13 ans plus tard.
Bien qu’au départ la VOC n’ait pas eu l’intention d’établir une colonie , des permis furent issus en février 1657 pour libérer neuf employés de la Compagnie (qui devinrent des ‘’Free Burghers’’ – citoyens libres). On leur distribua des terrains à cultiver le long de la rivière Liesbeeck pour pallier à une pénurie de blé. Les nouveaux fermiers pouvaient seulement commercer avec la VOC. En 1659, la station produisait assez pour fournir les bateaux de passage. A la même époque, en raison d’un manque de main d’œuvre, des esclaves furent importés de Batavia (maintenant Jakarta) et de Madagascar.
La terre que les Hollandais commencèrent à cultiver était peuplée par les Khoikhoi et les San qui pratiquaient une vie semi nomade, vivant de chasse et de cueillette. Ces populations n’avaient pas de culture écrite et donc aucun titre de propriété. Il n’existait pas non plus de système légal pour négocier la vente ou la location de terrains aux nouveaux venus. Van Riebeeck, appartenant à une culture organisée bureaucratique refusa d’accepter que la propriété foncière locale soit différente du système européen. Il refusa donc aux Khoikhoi le droit de posséder des terres, vu qu’ils n’avaient pas de preuves écrites. En 1659, les Khoikhoi débutèrent une série de soulèvements armés contre la colonisation Hollandaise et l’appropriation de leurs terres de souche.
En réponse aux escarmouches avec la population locale, en 1660 Van Riebeeck planta une haie d’amandiers sauvages pour protéger la colonie (certains de ses arbres existent toujours). Quand il quitta le Cap en mai 1662. La colonie comptait alors 134 fonctionnaires, 35 ‘’ Free Burghers ‘’, 15 femmes, 22 enfants et 180 esclaves.
( A suivre )
Sources :
‘’ The French Refugees at the Cape ‘’ by Colin Graham Botha (of the Cape Archives)
second edition 1921.
‘’French speakers at the Cape in the first hundred years of Dutch East India Company rule : the European background ‘’ par Boucher, M. (Maurice), 1922-1987; Hiddingh-Currie Fund
‘’ Ces Francais qui ont fait l’Afrique du Sud « par Bernard Lugan Edition Bartillat ( en partie sur Gallica) Collection Gestes 1996
‘’The Huguenots of South Africa 1688 – 1988’’ by Pieter Coertzen publié par The Huguenot Society of South Africa. 1994
Wikipédia
Musée virtuel du protestantisme
http://www.capetown.at/heritage/history/explorers_merchants.htm