Les herbes aphrodisiaques………………..
”La première mention du jour de la Saint-Valentin ayant une connotation amoureuse remonte au XIVe siècle en Angleterre, où l’on croyait que le 14 février était le jour où les oiseaux s’appariaient (lire entre autres « La Dame à la licorne »). Cette croyance est mentionnée dans les écrits de Geoffrey Chaucer au XIVe siècle. Il était courant durant cette période que les amoureux échangent des billets. Un de ces billets du XIVe siècle se trouverait à la British Library.”
Alors, pour sortir un peu des sentiers battus, je me suis replongée dans le livre d’Isabel Allende ‘’Aphrodite’’ avec délice. Si vous ne l’avez pas lu, allez-y, c’est un vrai bonheur. Je me suis beaucoup amusée en parcourant le chapitre consacré aux herbes interdites dans les jardins des couvents du moyen-âge, car ‘’ aphrodisiaques’’ ,et donc risquant de ”semer un petit vent de folie” sur les religieuses.
J’ai pris de grandes libertés avec les plantes énumérées dans ce billet, et donc j’extrapole avec fantaisie mais c’est la joie de l’écriture et de l’imagination, et puis c’est la fête de l’amour aujourd’hui. Apparemment les jardins des monastères et les moines n’étaient pas soumis à ces interdits de culture ! Eh oui☺.
Un grand merci au livre de Fabienne Millet ”Le grand guide des huiles essentielles ” .
Anis
(Pimpinella anisum)
La plante est utilisée depuis l’Antiquité, soit sous forme de graines, entières ou moulues, soit sous forme d’huile dans la confection de confitures, gelées, huiles essentielles, sauces et liqueurs. Les graines, entières ou en poudre parfument le pain, les fromages, les sauces, le café, les plats d’orient et d’ailleurs… Au broyage, les graines aromatiques sentent l’anis, le poivre et la muscade.
Son nom sanscrit est ”Kalonji” et la médecine ayurvédique la recommande comme plante curative. Les musulmans lui ont attribué le nom de ‘’graine bénie’’. Au Moyen-Orient, l’anis est recommandé aux jeunes mariés et plus généralement pour soigner les problèmes d’impotence.
Bourrache
(Borago officinalis)
Le terme bourrache tire son origine de l’arabe « abu-araq » qui signifie « père de la sueur » car elle est reconnue pour ses propriétés sudorifiques depuis l’antiquité.
Originaire d’Asie mineure, la plante était déjà présente en Grèce antique 500 ans avant J-C. Les grecs anciens l’utilisaient pour parfumer salades et vins et la nommaient « euphrosine » (qui rend heureux).vLa bourrache était réputée pour guérir les maladies de cœur, la neurasthénie et induire la sécrétion d’adrénaline. Elle est considérée au Moyen-âge comme une plante potagère et entre dans la composition de nombreuses recettes où elle est souvent associée au cresson et pissenlit. Elle est cultivée au 17ème siècle dans les jardins royaux sous le règne de Louis XIV par son jardinier qui voit dans la bourrache un légume de choix.
Cardamome
(Eletarria cardamomum)
Le terme « cardamome » provient du latin « cardamomum ». La formule latine tire son origine du grec « kardamômon ».
La cardamome est une épice que l’on retrouve dans les plats indiens et asiatiques. Le parfum de la cardamome est très fort, il faut donc l’utiliser avec parcimonie. On retrouve des saveurs citronnées et poivrées et un goût de sève de pin. En arrière-goût, on peut également retrouver une légère saveur mentholée.
La cardamome était déjà utilisée au 7ème siècle avant J-C, celle-ci étant mentionnée sur des tablettes de hiéroglyphes de l’époque. L’épice a été citée dans de nombreux ouvrages écrits par Théophraste ou encore Pline l’Ancien (Histoire naturelle). Elle était une des plantes offerte aux dieux dans l’Antiquité.
La cardamome est présente dans de nombreux anciens ouvrages, notamment dans le conte des Mille et une nuits, où elle aurait permis d’améliorer la fertilité.
Gingembre
(Zingiber officinalis)
Le terme de gingembre vient du mot sanskrit « shringavera », qui signifie « en forme de bois du cerf », faisant référence à son aspect. Originaire des Indes orientales , il est cultivé en Chine depuis 5000 ans. Son parfum était réputé protéger de l’attaque des tigres. Depuis toujours, les Malaisiens font bouillir le rhizome de halia ainsi qu’ils le nomment, et boivent l’eau pour traiter leurs maux d’estomac. Utilisé par les Grecs et les Romains comme épice, son rhizome était fortement recommandé pour la digestion par le célèbre médecin, pharmacologue et botaniste grec Dioscoride. Aujourd’hui, le gingembre est connu dans le monde entier pour ses vertus aphrodisiaques et pour ses propriétés anti-nauséeuses. Pour les rhumes, une infusion avec un peu de citron et du miel fait des merveilles.
Sarriette des montagnes
(Satureja Montana)
En latin satureja signifie « sarriette » et le mot lui-même est associé au latin satyrus, satyre en français.
Utilisées depuis l’Antiquité, ses feuilles servent de condiment pour parfumer viandes, sauces et ragouts car elles sont réputées pour leur saveur mais aussi parce qu’elles rendent les plats bien plus digestes. Les Romains l’utilisaient en infusion et comme condiment pour le vinaigre. Les provençaux l’appellent poivre d’âne et elle fait partie des fameuses Herbes de Provence. Sa saveur épicée, forte, voire piquante lui a valu l’appellation d’herbe poivrée. Elle est traditionnellement l’aromate utilisé avec les légumes secs, les allemands l’appellent d’ailleurs l’herbe aux haricots (Bohnenkraut).
”La légende : Le satyre Anos du bois sacré du Mont Olympe se lamentait parce que la nymphe Laura se plaignait de ses performances sexuelles quelque peu défaillantes. C’est alors que Dionysos lui montra « l’herbe du bonheur », la sarriette. Il en mangea et retrouva toutes ses capacités. Dans le monde gréco-romain, une infusion d’angélique et de sarriette, corsée de poivre devait permettre de rivaliser avec les exploits amoureux des satyres, ces êtres, joueurs de flûte, moitié hommes, moitié boucs, irrésistibles séducteurs des nymphes.
Une note libertine pour conclure ; le marquis de Sade aurait eu l’habitude d’offrir à ses hôtes des petits chocolats fourrés de poudre de sarriette.”
Myrte rouge
(Myrtus communis)
Originaire du bassin méditerranéen, le myrte est un petit arbuste de 3 mètres de haut aimant les sols très ensoleillés, et bien drainés tels que la garrigue et le maquis. Il présente des fleurs blanches au parfum sucré qui donnent à l’automne des baies bleu-noir, que l’on utilise comme épice.
Symbole de l’amour, cet arbuste était dédié à Vénus car il possède la vertu de faire naître l’amour et de l’entretenir. La mythologie grecque raconte aussi que cette plante était dédiée à la nymphe Myrsine. Enviant son éblouissante beauté et ses pouvoirs surnaturels, la déesse Minerva la tua et un arbuste de myrte sortit alors de son corps sans vie. Minerva, regrettant son geste, offrit un amour divin à cette plante.
Représentation de la gloire et de la puissance, les romains avaient pour coutume de déposer une couronne de myrte sur la tête de leurs vainqueurs.
Réputé depuis l’Antiquité pour atténuer les ecchymoses et calmer les irritations cutanées, le myrte lutterait également contre les signes avant-coureurs de maturité en redonnant jeunesse à la peau.
Au XVIème siècle, ses branches et fleurs étaient utilisées dans la composition d’une lotion tonique et astringente, appelée « l’eau des anges » (Jean-Pierre Willem).
Menthe poivrée
(Mentha piperita)
Le mot « mentha » provient de mintha, nom grec d’une nymphe dont s’éprit Hadès, dieu des enfers. Perséphone, sa femme, furieuse de jalousie, jeta Mintha par terre, la piétina et la transforma en plante. La nymphe Mintha ainsi réduite à l’état de plante n’eut plus que son parfum pour séduire !
Son utilisation remonte à des temps très anciens : on a trouvé des feuilles de menthe poivrée dans des pyramides égyptiennes datant du premier millénaire av. J.-C.
Très répandue, cette plante médicinale était utilisée durant l’Antiquité pour parfumer les bains. Les romains l’incorporaient dans leur vin et leur sauce. Leurs femmes mâchaient une pâte renfermant de la menthe et du miel pour masquer l’odeur du vin qu’elles buvaient en cachette, car la loi punissait de mort celles qui usaient d’un breuvage réservé aux hommes et aux dieux. Elle devint populaire en Europe au XVIIIe siècle. Au-delà de ses multiples vertus, la menthe a été adoptée par la plupart des civilisations comme aromate ou composant des produits d’hygiène.
Et hop une petite recette pour les amoureux contrariés
La soupe de la réconciliation
(Isabel Allende – Aphrodite)
(Pour 2 bien sûr)
125g de champignons portobello hachés
125g de cèpes frais hachés
250g tasse de champignons cremini (petits champignons bruns) hachés
1 gousse d’ail
1 échalote
3 cuillères à soupe d’huile d’olive
1/2l de bouillon (bœuf, poulet ou légume)
65ml de porto rouge ou blanc
1 cuillère à soupe d’huile d’olive à la truffe
Sel et poivre au goût
2 cuillères à soupe de crème fraiche
Hacher la gousse d’ail et l’échalote et les faire sauter avec les champignons dans l’huile d’olive, en remuant vigoureusement pendant quelques minutes
Ajouter le bouillon, le porto et l’huile d’olive truffée
Assaisonner de sel et de poivre et cuire à feu doux avec le couvercle jusqu’à ce que les champignons soient tendres (environ 30mn)
Laisser refroidir quelques minutes
Mixer avec le mixeur plongeur
Mettez votre plus belle robe, peignez-vous les ongles en rouge et servez la soupe dans des bols réchauffés, garnis d’une bonne cuillerée de crème fraiche
Sources
Le grand guide des huiles essentielles, Fabienne Millet
https://www.madaboutmushrooms.com/mad_about_mushrooms/2014/08/august-2014s-recipe-of-the-month-isabel-allendes-reconciliation-soup.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Valentin
http://isabelallende.com/en/book/aphrodite/excerpt
https://revelessence.co. Les dossiers d’aromathérapie