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AZ Challenge – Lettre D

Lettre D
De Clorcy (ou De Clary ou de Cressy) (Françoise Châtelain)
Ou : Des périls d’être une femme au 18eme siècle

Françoise Châtelain de Clorcy est une des deux grand-mères de la Réunion, l’autre étant la Malgache Louise Siarane, épouse d’Étienne Grondin.  A elles deux, elles comptent un nombre de descendants phénoménal. J’aime a penser qu’en fait tous les descendants des premiers colons des Mascareignes sont  cousins à un certain degré. De mon côté, je n’ai pas encore établi de lien, mais je vais vous raconter (ce que j’ai appris tout du moins !) de l’histoire de cette femme hors du commun, dont on trace  l’existence à partir de son départ de La Rochelle le 19 mai 1673. Ses origines ont donné lieu à beaucoup d’hypothèses mais en vérité le mystère reste complet. On ne sait ni sa date de naissance, ni le l’endroit. Certains chercheurs la donne fille d’un Philippe Le Chastelain de Crécy et d’une Françoise de Launay et la font naitre à Pouancé dans le Maine et Loire, mais rien ne semble le prouver. D’après les renseignements officiels qui figurent dans les archives de la Réunion, elle serait née à Paris  entre 1659 et 1665, et c’est tout. Ce qui la rend encore plus fascinante, c’est cette opacité qu’elle a sans doute voulue et cultivée.

Donc Françoise fait la connaissance d’un enseigne de vaisseau, Jacques Le Lièvre de Sauval, originaire de Rouen et se fiance avec lui. Il est alors envoyé à Fort Dauphin en 1666 par la Compagnie des Indes Orientales. Agée d’un peu plus de 18 ans, elle s’embarque à son tour  à La Rochelle sur la Dunkerquoise le 19 mai 1673 (ce qui rend les fiançailles un peu curieuses parce qu’elle aurait eu 13 ans a l’époque).

A bord du navire se trouvent 16 jeunes filles de la Salpetrière destinées à l’Ile Bourbon  et chaperonnées par Mademoiselle Ferrière, religieuse de Saint Joseph de Cluny. Le but du voyage c’est de les marier aux colons de l’ile. Le commandant de Bord, le Capitaine de Beauregard, lui est un drôle de loustic qui favorise son commerce personnel avant la sécurité de ses passagers.

Apres 9 mois de navigation, le Capitaine fait escale à Fort Dauphin le 14 Janvier 1674 afin de vendre sa cargaison (personnelle) d’eau de vie. ‘’ Business is Business ‘’. Au moment de l’appareillage pour l’ile Bourbon le 7 mars 1674, un ouragan fait échouer la Dunkerquoise sur la Côte. Tous les passagers sont saufs. Six des jeunes filles décident de se marier avec des colons de Fort Dauphin et Françoise épouse Jacques. On ne sait pas trop ce qui amorça le massacre, (jalousie des habitants, maltraitance des soldats ?), mais le 27 Aout 1674, les Malgaches envahissent le Fort par surprise et tuent plus de la moitié de la garnison. Seulement 63 personnes arrivent à s’enfuir dont Françoise et son mari. Ils sont récupérés par un vaisseau, le Blanc Pignon qui était à l’ancre dans la baie  depuis quelques jours. Et là, c’est un cauchemar de voyage qui commence ; trois ans d’errance au travers des Océans.

D’abord le Capitaine Baron, commandant du Blanc Pignon remonte la côte africaine et arrive à Lourenco Marques, comptoir portugais du Mozambique 7 mois plus tard en mai 1675. Le gouverneur local réquisitionne les femmes européennes non mariées pour les soldats de la garnison. Oui, je sais, ça donne des frissons dans le dos. De là les rescapés repartent pour rejoindre Surate, autre comptoir portugais au Nord de Bombay, navigant
6 mois dans l’Océan Indien. Le Blanc Pignon débarque les rescapés de Fort Dauphin qui doivent attendre 3 mois pour l’arrivée d’un autre navire, le Saint Robert qui les conduira enfin en rade de Saint Paul en mai 1676.

Après un voyage épuisant de trois ans et avoir changé 3 fois de navire, Françoise arrive enfin au bout de son périple. Selon certains récits, Jacques, aurait péri lors du massacre de Madagascar, selon d’autres, il serait arrivé à Saint Paul. Ce qui est sûr, c’est que Françoise épouse en 1678, Michel Esparon d’Acutias dit Latour, un gentilhomme provençal, dont elle eut deux filles. Apres la mort de Michel Esparon, elle se remarie en 1690 avec Jacques Carré Du Talhouet, lieutenant de vaisseau du Roi, dont elle eut aussi deux filles. Enfin, veuve une troisième fois, Françoise épouse le 17 juillet 1694, Augustin Panon, dit l’Europe, originaire de Toulon. De ce quatrième mariage, Françoise eut cinq enfants. Françoise est morte à Saint Denis le 3 septembre 1730, ce qui nous prouve une chose, c’est qu’elle devait avoir un santé d’enfer, un caractère bien trempé et un courage à toute épreuve.

Papiers Trouves dans les papiers de mon pere

Sources :

Vincent Boyer de la Giroday : Feuilles dactylographiées trouvées dans les papiers de mon père
www.delanux.com/CHATELAIN-CRESSY.HTML
Dictionnaire des Familles de l’ile de la Réunion de Camille Ricquebourg
Bulletins du Cercle Généalogique de Bourbon, Journal de Rouen (Archives Nationales)
Wikipedia
Geneanet

 

 

 

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